Groupe d'Etudes

Techniques de l'EFS


Spelunca n°54 - juin 1994

"L'équipement personnel du spéléologue"

Groupe d'Etudes Techniques de l'EFS


 INTRODUCTION

 

Voici le premier article du G.E.T. (Groupe d'Etudes Techniques), mis en place au sein de l'EFS et dirigé par Joël POSSICH. Cette équipe est chargée de réaliser des recherches sur les techniques spéléologiques, et de diffuser les résultats de ces études. Diffusion dans la revue Spelunca en général, ou dans Info-EFS (bulletin d'information de l'EFS) pour les articles portant plus spécifiquement sur les techniques d'enseignement, et à plus long terme réalisation d'un "manuel de spéléologie".

        L'article ci-dessous est surtout destiné aux débutants désireux de s'équiper en matériel personnel, et d'acquérir tout de suite les réflexes essentiels. Pour celui-ci comme pour les suivants, les remarques, compléments, et critiques seront les bienvenus ; adressez-les directement au G.E.T. de l'EFS. Merci !

R. LIMAGNE
 

La combinaison

Il n'existe pas de combinaison étanche pour la spéléo !

La combinaison imperméable est peu adaptée aux longs réseaux fossiles ; la combinaison de toile l'est tout aussi peu dans les réseaux actifs ou argileux...

En tout état de cause, choisissez bien la taille : mieux vaut une combinaison un peu ample qu'une trop étroite qui gêne les mouvements et se déchirera vite.

Les bottes

Les plus simples (c'est à dire non toilées à l'intérieur) sont toujours les meilleures et les moins chères.

Il n'existe pas encore de témoins d'usure de la semelle... Mais soyez raisonnable : imaginez-vous remontant les Grands Eboulis du gouffre Berger avec un trou sous la plante des pieds !

Le harnais

Evidemment, utilisez uniquement un harnais commercialisé pour la spéléologie ; beaucoup de modèles sont disponibles.

Un modèle ceinture-cuissard dissociables peut se révéler intéressant en fonction du type d'exploration : usage de la ceinture seule dans les réseaux horizontaux.

Pour être confortable, le harnais doit être finement réglé. Il ne l'est souvent définitivement qu'après plusieurs explos. Une fois le réglage définitif effectué, n'hésitez-pas à couper les éventuelles extrémités de sangle inutilement longues (pas trop près des boucles tout de même).

Pour des raisons évidentes de sécurité, le baudrier doit être correctement entretenu, et l'usure des sangles régulièrement contrôlée.

Le baudrier de torse ne sert en principe qu'à tenir le bloqueur ventral à la montée : une simple sangle peut suffire. Eviter tout de même la chambre  air de vélo jadis à la mode...

Ce baudrier de torse sera relié au bloqueur de poitrine par un petit mousqueton que l'on accrochera à la remontée (retiré pour la progression). On peut également couper les longueurs inutiles.

  

 Le delta ou demi-rond

 

La vis doit se trouver en bas, le petit côté du delta à droite.

Il doit bien se plaquer sur le ventre. Le matériel de progression et d'assurance se positionne de droite à gauche sur le grand côté du delta :

1. A droite, le bloqueur ventral (le plus souvent un croll) pour laisser libre l'ouverture de la gâchette par la main droite.            

2. Au centre, le descendeur et son mousqueton de freinage.            

3. Les longes à gauche, qui ainsi ne peuvent être coincées entre le descendeur et le bloqueur ventral lors de la descente et au moment de se longer.

Contrôler régulièrement la fermeture du delta : le zycral notamment se dévisse facilement ; la suspension sur un delta zycral non vissé le rend définitivement invissable

Positionnement du matériel sur le delta

 

La poignée autobloquante

A éviter : la grande longe passe entre soi et la corde d'équipement

Accrochée avec sa pédale à votre gauche sur la ceinture du baudrier, elle doit être prolongée par un mousqueton avec virole vissant à droite.

Elle se relie impérativement à la grande longe pour la montée aux bloqueurs (longé sur le mousqueton accroché à la base de la poignée).

Après un fractionnement, elle se place sur la corde en vérifiant la position de la grande longe sous le croll, qui ne doit pas passer entre soi et la corde de progression.

On peut la remplacer sans gros problèmes par un simple bloqueur

 

La pédale

 

On peut utiliser indifféremment une pédale simple ou double, l'idéal étant une pédale  simple dans laquelle on peut mettre les deux pieds (possibilité de pincer la corde entre les  bottes au début de la montée pour la tendre sous le croll).

Impérativement en corde de diamètre 5 mm au-moins : proscrire la sangle qui peut se coincer dans le bloqueur de poitrine. La cordelette statique en kevlar convient bien mais doit être controlée et changée souvent.

Ne doit pas comporter de noeuds sur sa longueur, qui rendraient très délicate toute tentative de balancier pour un éventuel décrochement d'équipier.

Elle se relie à la poignée par un mousqueton, de préférence à un maillon rapide qui risque de devenir rapidement indévissable sans clé.

Poignée et pédale ne doivent pas être solidaires : on doit pouvoir utiliser la poignée seule (en bout de longe par exemple), et la pédale seule avec son mousqueton (pour se délonger d'un fractionnement à la descente).

 

Le bloqueur ventral

 

C'est de loin le croll qui est le plus couramment utilisé.

Progresser avec précautions sur corde tendue oblique (cas de fractionnements décalés).

 

Le descendeur

 

Pour rester dans le classique, choisissez le descendeur normal Petzl à cliquet.

Le descendeur est relié au delta par un mousqueton à vis.

Il est toujours couplé avec un mousqueton de freinage de préférence en acier.

Il est inutile et gênant sur le delta lors de la montée, et doit être accroché sur le côté (mais toujours immédiatement à portée de la main, c'est à dire pas au fond du kit !). On dit qu'il  faut toujours être clair devant soi.

 

Les longes

 

Utilisez une longe double, et non deux longes simples (deux noeuds sur le delta, c'est trop).

Il s'agit obligatoirement d'une corde dynamique d'au-moins 8,5 mm de diamètre; il en faut de 2,5 à 3 mètres pour une longe double.

La longueur de la grande longe doit permettre bras tendu d'ouvrir la gachette de la poignée autobloquante lorsqu'on est pendu longé après. La longe courte doit faire environ la longueur de l'avant-bras et de la main (mousqueton inclu).

Les longes se terminent par un mousqueton sans vis en zicral (sauf pour progression sur fil clair ou câble métallique). Il existe un modèle spécial muni d'une barrette positionnant la boucle du noeud de façon à ce que le doigt du mousqueton soit toujours dans une bonne position pour l'accrochage.

Les 3 noeuds de la longe doivent être soignés, la boucle étant la plus petite possible. Couper les longueurs inutiles pas trop près : environ 2 à 3cm du noeud.

Evidemment, contrôlez l'usure, et réformer au moindre doute !

 

Le casque

 



avant...

Jetez sans délais le casque de chantier, au profit d'un modèle résistant, confortable, et avec une jugulaire en V. La couleur est un critère de choix secondaire...

Avec un minimum d'habileté, il peut contenir à l'intérieur une couverture de survie, une cordelette, un canif,  l'auto-collant SSF, un bec acétylène et une ampoule électrique de rechange.

Si vous montez vous-même l'éclairage, prenez soin de placer les vis de l'intérieur vers l'extérieur, coupez le surplus, et matez le bout pour éviter qu'il se dévisse.



maintenant !

 

La clé de 13

 

Mais oui, la clé de 13 fait bien partie de l'équipement personnel !

La clé plate est la plus utilisée ; il est pratique de la relier par une cordelette à un morceau de chambre à air, fixé sur le bras (pas trop serré...).

Eviter une clé de plus de 10 cm de long

 

L'éclairage

 

Qui douterait que l'éclairage fait bien partie du matériel individuel de progression ? Il doit être mixte évidemment, et nous n'avons guère le choix du modèle. De toutes façons, son fonctionnement doit être irréprochable, car il n'y a rien de plus démotivant que de ne rien voir sous terre... Donc un seul mot d'ordre : entretien. Une étude détaillée sur l'éclairage en spéléologie vous sera proposée dans un prochain Spelunca;

 

EN GUISE DE CONCLUSION

 

Cette courte note n'a pas pour objectif de vous inciter à sélectionner tel ou tel matériel, mais plutôt de vous faire comprendre que le plaisir et la sécurité en spéléo sont avant tout liés à la simplicité et au confort. Mais surtout n'oubliez pas que le matériel n'est rien si on n'en maîtrise pas l' utilisation. Donc, n'hésitez pas à solliciter les cadres EFS dans les clubs, où à vous inscrire vous-même à un stage technique de l'EFS pour une formation intensive !

 

 

On trouvera des informations complémentaires particulièrement bien présentées sur le site de l'ECOLE BELGE DE SPELEOLOGIE ;

ainsi que dans le Manuel Technique de l'Initiateur Fédéral, édité par l'EFS.

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